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réveillée en se levant, en profitait pour lui demander une paire de petits chevaux bretons, dont elle avait une envie folle depuis un mois. Pour la vingtième fois, le baron refusait avec énergie, ces bêtes entêtées et violentes (c’est des chevaux bretons, et non du baron que je parle) lui semblant les plus dangereuses du monde. Et comme Ursule insistait avec des impatiences d’enfant :

- Que j’aie le derrière peint en vert si je vous les donne jamais ! s’écria-t-il par manière de parler libre et pittoresque qui était dans ses façons habituelles.

- Ce n’est pas joli ce que vous dites-là, monsieur, se contenta de répondre Ursule, avec un air adorable de bouderie.

Le baron l’embrassa dans les cheveux, ce qui est exquis le matin quand la tête de la femme est encore tiède de sommeil et légèrement embroussaillée par les poses nonchalantes de la nuit. Puis il descendit au chenil, jura, siffla, rassembla ses chiens, fit boucler ces hautes guêtres par le garde, assura son fusil sous son bras et partit pour aller embêter d’innocents lapins en train de promener leurs petits museaux roses sur les fraîcheurs roséennes