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un mémoire sur lequel Ladislas ne daigna pas même jeter les yeux.

- Il s’agit bien vraiment de ces vétilles, dit le grand seigneur.

- Si, cependant mon prince…

- Je vous répète, Mathias, que vous êtes à cent lieues du sujet que nous avons à traiter ensemble. Rentrez donc votre papier à cigarettes. Je ne fume pas à jeun. D’ailleurs, ma future ne peut pas sentir l’odeur du tabac.

- Mon prince se marie ?

- Vraisemblablement et si cela ne vous fâche pas. Connaissez-vous la comtesse Keskipruth ?

- La plus riche héritière de toute la Hongrie !

- Une centaine de millions, en effet, et des espérances. Veuve, mais jeune encore et le cœur inflammable. Mon affaire est en bon chemin. Mais la comtesse est fantasque ; je suis obligé, pour lui plaire, à lui chercher de continuels amusements. Elle donne samedi une redoute à laquelle toute la noblesse du pays est invitée. Ce sera une fête vraiment royale et j’ai eu une idée que je crois originale, originale et bien faite pour frapper, en ma faveur, le coup décisif. C’est pour l’exécuter que j’ai besoin de toi.