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par le fleuve révolté. Mais on oublie vite dans les pays où le soleil verse son Léthé éternel de joie et de lumière. Aux masures effondrées ont fait place de belles maisons aux balcons fleuris, et ce cataclysme effroyable semble avoir passé, comme un baptême, sur le fond quartier embelli, ou comme ces inondations fécondes du Nil qui laissent la richesse au fond de leurs ravages apparents. La population ouvrière a grandi, et c’est miracle de voir, aux heures où les ateliers se rouvrent ou se ferment, les belles filles au type latin, brunes avec des yeux profonds et noirs, prendre, pieds nus, une chanson ou une rose aux lèvres, le chemin des manufactures dont les cloches en branle jettent leur appel dans le crépuscule. A côté de cet élément prolétaire, le plus dense et le plus bruyant, Saint-Cyprien possède un monde de petits rentiers qui y font une demi-villégiature dans des cottages minuscules aux jardins soigneusement cultivés. Ces bonnes gens, qui ne se hasardent jamais jusqu’au carrefour pittoresque où la Reine des Bohémiens aux cheveux crépus règne encore sur un peuple déguenillé d’étameurs et de coupeurs de chats, affectionnent la belle promenade