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tout bas ce fameux nom que ma tante ne saurait entendre. Quelque nom plein d’amour, n’est-ce pas ?

- Impossible.

Mais la voix de Céleste reprit avec d’indicibles caresses :

- Ne me refuse pas de satisfaire cet innocent caprice. Je ne redirai ton nom qu’à mon époux, quand je serai mariée, et dans la solitude des nuits heureuses !

- Vous auriez tort, mademoiselle. Car je me nomme : Salopiau !

La délicieuse Céleste mit ses deux mignonnes mains sur la touffe de lis et de roses qui lui composait un visage, et, sans en demander plus long, s’en alla sur la pointe des pieds, gracieuse comme une bergeronnette le long d’un fleuve, étoilant des traces de sa manche légère le sable mouillé de la rive.

Quand M. Boniface, sa sœur et sa mère se retrouvèrent ensemble au dîner, ils prirent vis-à-vis les uns des autres des façons mystérieuses et évitèrent soigneusement de parler du nouveau venu. Mais, le lendemain matin, M. Boniface, seul, ayant fait dès l’aube une tournée dans ses domaines, s’aperçut rapidement