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sœurs naturelles, que de leurs rivales en beauté et en parfum, les reines de nos parterres ? A moi l’aimable palette où se broient côte à côte la neige des lys, le sang des roses et le cœur d’argent des camélias !

Donc, madame la comtesse Berthe de Fessaride adorait les fleurs, les œillets surtout, et vous ne l’auriez jamais rencontrée dans les larges allées de son parc sans une de ces caryophyllées (ô botanique, j’admirerai toujours tes noms !) piquée dans sa brune chevelure.

Il ne faut pas des gens juger sur l’apparence,

dit un vers justement renommé pour son lyrisme, ni des personnes par leur nom. Mme la comtesse Berthe de Fessaride était l’antiphrase du sien, assez mignonne de corsage, mais assise sur un coussin naturel dont Antiope, elle-même, la femme la mieux rembourrée de l’antiquité, eût été fière. Ce joli morceau de croupe était surmonté, d’une part, par un buste aimable et une physionomie riante éclairée de deux yeux bleus ; posé, de l’autre, sur deux jambes d’un fort noble dessin et deux pieds d’enfant. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Enfin, M. de Fessaride, son époux,