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Qu’avait-il donc vu ?... Dans cette lumière diffuse que créait l’état particulier de l’air, il avait nettement aperçu deux figures connues, Micheline et Papoul échangeant des baisers à sa barbe dans l’immensité. Ainsi leurs âmes habitaient la lune, leurs corps y étaient ressuscités et leur amour y revivait, rajeuni par les métamorphoses. Quelle découverte ! Cette lune, que les ignorants imaginent déserte, elle a une destination personnelle dans le monde planétaire. Elle reçoit les amoureux et donne asile à l’adultère ! Ce n’est pas un métier honorable, mais on fait ce qu’on peut. C’est vers elle que doivent monter toutes les malédictions posthumes des cocus inconsolés. Mais Bergace n’était pas de ceux-là. Uniquement épris désormais de la science, il était fort indifférent à l’idée que là-haut se poursuivait son déshonneur parmi l’hilarité des sphères célestes. Il prit sa bonne plume et, s’enfermant chez lui,