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de coups et sa cravate déchirée. A peine rentré dans l’enceinte de Paris, il acheta le *Petit Journal* et y lut ces lignes magistralement rédigées : « Hier soir, un double suicide émut douloureusement les tranquilles promeneurs qui prenaient le frais aux abords du pont de l’Alma. Un jeune homme et une jeune femme, qui n’avaient jusque-là éveillé l’attention par aucun acte excentrique, enjambèrent rapidement le parapet et se précipitèrent dans les eaux bouillonnantes du fleuve. Des mariniers coururent aussitôt à leur secours, mais après deux heures d’inutiles recherches, ils renoncèrent à rendre même la dépouille de ces infortunés à l’inquiétude de leur famille. » Le bon Bergace fondit en larmes en parcourant cet entrefilet. Pendant deux mois, il alla tous les jours à la Morgue et entra en correspondance avec les autorités de toutes les villes riveraines depuis Saint-Cloud jusqu’à Rouen. Rien ! Rien ! Rien ! Le goufre avait positivement refusé de rendre sa double proie.

III