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fort étroits. – « Qu’on nous en donne deux ! » dit Bignolet et il les choisit dans les deux chambres les plus éloignées de la maison. – « C’est vraiment trop de délicatesse à lui, pensa Isabeau, de ne me point vouloir fatiguer davantage, après une journée d’infernaux cahotements, et c’est pour être plus sûr de maîtriser sa passion que le pauvre enfant s’en va au bout du monde ! Allez donc demander à la noblesse de ces attentions-là ! » Et elle s’endormit enchantée d’avoir mis la main sur un pareil trésor. Cette admirable tenue du jeune archer ne se démentit pas un seul instant durant les quinze haltes qu’ils firent les nuits suivantes et qu’il passa chastement dans la couche la plus lointaine de celle de sa bien-aimée. Bien que toujours enthousiasmée de cette respectueuse décence, Isabeau, dont l’automne était encore traversée de fugitives chaleurs, commençait à souhaiter ardemment d’arriver dans l’élégante maison qu’elle avait fait préparer à Chinon pour les recevoir. Enfin les toits pointus de Chinon apparurent aux yeux des voyageurs, dans un nuage poudreux, au tournant de la route.

IV