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Contes grassouillets.

tumes les plus étranges de cette tribu. Non seulement les morts y étaient décantés et bouchés à la cire, mais on était parvenu à donner à leur liqueur un goût délicieux rappelant celui des meilleurs vins. Avant d’unir solennellement les fiancés, chacun des familles auxquelles ils appartenaient faisait monter un ancêtre dont la saveur devait symboliser la vertu dont s’enorgueillissait le plus le conjoint qui en descendait. La saveur généreuse du bourgogne indiquait, par exemple, le courage à la guerre ; le parfum de violette du bordeaux, la modestie ; la caresse sucrée du malaga, la douceur en ménage, etc., etc. C’était une façon de profession de foi qui, ma foi, pour être pittoresque, n’en était pas moins sensée.

V

Le grand jour était venu. Ce que Mlle Okel-Bô-Tutu était ravissante dans sa toilette de mariée, composée d’une plume d’autruche à