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Piété filiale.

verdure où ils nous déposèrent mollement sur le gazon, aux pieds d’un grand vieillard qu’entourait une foule respectueuse de messieurs et de dames parfaitement nus. J’ai su depuis qui était ce vieillard. C’était le roi de la tribu des Chippevays, et son nom sacré était Okel-Bô-Tutu ! Auprès de lui était sa fille, une enfant de seize ans au plus, d’un type fort original, mais non pas déplaisante. Car, sous leur brune enveloppe, ses formes s’affirmaient avec une ferme et voluptueuse abondance. Ses grands yeux noirs et sa bouche légèrement charnue ne promettaient rien que d’aimable, et sa chevelure crespelée lui foisonnait aux épaules avec des frissons d’ébène.

Le vieillard nous regarda avec indifférence, puis fit signe à un grand gaillard culotté d’un énorme couteau de cuisine et qui s’avança immédiatement en faisant claquer ses dents blanches. J’avoue que Bibolet et moi nous avions la chair de poule, ce qui est bien maladroit quand on ne veut pas se laisser manger.

Tout à coup la fille du roi se jeta à ses pieds, et me montrant du bout de son ongle rose, fit