Page:Silvestre - Contes grassouillets, 1883.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
Contes grassouillets.

du jour chez lui, que d’étroites lucarnes qui s’ouvraient de place en place, comme des yeux ronds, aux formidables parois de ce bloc de pierre. Or, Alcindor était un archer fort adroit et, pour correspondre avec celle qu’il aimait, il avait imaginé un moyen d’une ingéniosité élémentaire. Au-dessus de la chambre de Bertrade était une pièce inoccupée, comme il l’avait su par des bavardages de serviteurs. Au lever du jour, notre amoureux y décochait une flèche par l’œil de bœuf qui l’éclairait et une heure après, tout au plus, Mlle de Humevesse allait, à son tour, recueillir la lettre passionnée ou la devise d’amour que le galant avait attachée aux plumes de son javelot.

III

Ainsi ces fidèles amants, pareils à ceux de Vérone, déjouaient la vigilance de leurs gardiens et bravaient la séculaire haine de leurs ascendants. Ainsi trompaient-ils leur chagrin par