Page:Silvestre - Contes grassouillets, 1883.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
172
Contes grassouillets.

du Sud-Ouest, lesquelles tiennent à la fois de Rome et de Séville, Latines par la régularité des traits, Espagnoles par l’éclat mat et les beaux tons d’ambre de la peau, de taille moyenne, mais d’un dessin pareil à celui des plus superbes bronzes antiques, d’une allure si fière qu’elles font penser à l’incessu patuit Dea du poète. Leurs cheveux sont bleus à force d’être noirs ; leurs yeux constellés comme des nuits d’août ; leurs pieds et leurs mains sont un poème en quatre chants où sont célébrées la beauté de la race et la pureté du sang. Justin était le digne mâle de cette délicieuse femelle, un beau gars, bien planté, bien musclé, léger comme un chamois et fort comme un bœuf, habile à tous les jeux où se démontrent la vigueur et l’adresse. Son seul défaut était une certaine fatuité et un goût prononcé pour la vantardise. Il avait eu beaucoup de maîtresses et avait encore le grand tort d’en être fier. Car je sais bien des imbéciles qui n’en ont pas eu moins que lui. Jeanne savait son passé galant, mais elle n’en était que plus glorieuse de s’attacher, par les nœuds indissolubles du mariage,