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Contes grassouillets.

voyantes épouvanteraient un kakatoès. À sa droite, le pompier qui se tient de son mieux sur ses jambes roussies, a tiré le sabre de ses pères, un vrai sabre de Mamelouck, courbé et rouillé. À sa gauche, le tambour bat aux champs. Derrière elle, le bon Laripète papillonne, anxieux et prévenant. Elles viennent, une à une, les fillettes du pays, s’incliner devant ces débris, déposer leur offrande et réciter la baliverne laborieusement apprise. Madame la commandante est sensiblement flattée de ces hommages. Elle sourit presque et hume, en même temps que le parfum des gâteaux, l’encens de toutes ces servilités. Laripète est ravi de la voir si bien disposée.

Enfin et presque la dernière, Mignonne arrive, débarbouillée, peignée, presque habillée dans sa robe d’indienne neuve, délicieuse à voir et tenant à la main son pauvre pain, un pain tout petit, ma foi, mais bien doré et d’un succulent aspect, un pain comme elle n’en mangeait pas tous les jours !

Anges du paradis, habitants de l’aérien séjour, hôtes des célestes vapeurs dont notre