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Mariage de raison.

assiettes en buvant de bons coups à la santé de sa maîtresse. Il commença par siffler très fort un joli air d’amour, mais bientôt ce procédé courtois de dégonflement ne suffisant plus à l’expansion extraordinaire des gaz dont l’emplissait la digestion tumultueuse de ce mets farineux, il commença d’en laisser fuir par l’autre bout, avec de petits vacarmes tout à fait réjouissants. Or, ledit gaz, s’engouffrant tout droit dans l’entonnoir où le derrière de l’automédon était inconsciemment logé, n’y demeurait pas un instant, mais, s’échappant par l’autre bout, celui qui donnait dans la voiture, allait, musique et parfums compris, réjouir en droite ligne le nez et les oreilles des jeunes mariés inclus dans le coupé, sans que ceux-ci pussent se douter d’ailleurs d’où il venait.

Aussi, chacun d’eux soupçonnant immédiatement l’autre d’un procédé inqualifiable en pareille occurrence, ils commencèrent de se regarder avec des yeux étonnés, puis furieux. Madame, toute rouge, porta avec colère son mouchoir sous ses narines, et Monsieur, blême