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Joyeuseté de garnison.

toilette de madame. Il était vide encore, mais il y régnait une odeur charmante qui permettait d’y attendre au milieu de rêves exquis. Sur une chaise longue, à côté de la baignoire, un peignoir était ouvert ; l’eau fumait doucement. Bergace était un fantaisiste. Une idée lui passa par la tête, et crac ! se déshabillant prestement, il s’insinua dans le bain, se disant que cet endroit était absolument commode et agréable pour voir venir les évènements.

Il n’y était pas entré qu’un petit bruit se fit tout auprès, qu’une portière se souleva et que Mme Ernesti, sortant de son lit, suivant toutes les apparences, apparut dans l’éclat d’une beauté que ne surchargeait pas un excès d’ornements. Le sujet me commandant une grande sobriété de détails, je dirai qu’elle portait une délicieuse robe de chambre qui n’avait rien d’ajusté à la taille, et qu’elle était absorbée dans la lecture d’un roman, si bien qu’en entrant, elle ne jeta les yeux sur rien de ce qui l’entourait. Le capitaine Bergace était tout ébaubi d’admiration et, ayant déjà des remords de son procédé, rentrait tant qu’il pouvait sa tête