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TROIS MAI


I

Oh ! vers ce jour qui donc me précipite ?
Je veux penser, chanter, je veux un nom !
Au mot de gloire, hélas ! mon cœur palpite,
Un rêve luit, me fascine et me quitte :
Avoir quinze ans et le luth de Byron !

Trois mai !… trois mai !… Tout nait, tout se ranime.
La sève à l’arbre et la pensée au front.
Alors, des monts le brouillard fuit la cime,
Comme des fleurs d’amandier pleut la rime.
Alors !… ô jour béni, quel est ton nom ?…

Le temple en fête et sous les nefs antiques
L’épithalame enflammé de l’amant,
Des cierges d’or étoilant les portiques,
Toi… moi… l’autel… Sous tes ardeurs mystiques,
Jésus, Jésus, nous pleurions doucement !