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LE LIVRE DE LA POUSTA.

l’essentiel de sa personnalité. Cet « essentiel », chez H… était le même que chez l’ami que j’avais perdu. C’est ce qui un moment avait transformé sa personne en celle du mort, c’est le souvenir de ma jeunesse reflété un instant sur son visage. Oui, ce que j’avais en vain cherché en cet homme, c’était ce caractère personnel de mon ami mort qui renfermait en lui presque toute ma jeunesse. Et ce souvenir que les traits de H… ne purent me refléter qu’un instant, je l’ai enfin trouvé, en rentrant dans ma pousta, au milieu de mes paysans.

Chacun d’eux résume l’espèce entière à laquelle il appartient, et l’espèce c’est moi. En eux, mes souvenirs ; en eux, mes sentiments, mes aspirations, mes souffrances. Ce qu’ils expriment d’un mot, d’un mot peut-être inintelligible à d’au-