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AU RETOUR.

d’essence de rose, le henné se voit encore sur mes ongles. Mes oreilles ont conservé le bourdonnement des chants plaintifs du désert, j’entends le lent clapotement des ouèdes et quand je regarde dans la nuit, il me semble voir encore des minarets, des tombeaux à coupoles ; j’ai la nostalgie du désert. Mais quoi ? Ce n’était qu’« hier » et je rêve de temps beaucoup plus anciens.

À Zombor, il fait complètement nuit. La gare est obscure, calme ; on n’entend que les accords mélancoliques d’un orchestre de tsiganes dans un cabaret proche. Cette musique nous ouvre le cœur. Mon compagnon devient loquace ; ce qu’il · dit esquisse nettement son individualité, lui donne son cachet personnel. Je commence à le voir tel qu’il est ; et à le