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LE LIVRE DE LA POUSTA.

Je suis debout dans le couloir du wagon, j’appuie mon front à la vitre froide et je rêve éveillé. De grands nuages noirs cinglés par des éclairs se bousculent sous la voûte infinie du ciel. Je me sens m’identifier avec ce que je vois. Allons, entrons dans l’obscurité pour ne plus rien voir, pour ne plus souffrir de ce qui ne frappe que ma vue sans répondre à aucune des voix de mon âme.

Enfin ! l’orage est mort, la nuit s’éveille. Il n’y a plus dans le coupé que la faible lueur de la petite lampe. Je ne vois plus mon compagnon qui, à mes yeux, reconquiert ainsi sa raison d’être. Je voudrais le prendre pour ce qu’il est. Nous causons.

Il parle de la Bosnie… Demain je serai donc de nouveau à la porte de l’Orient. À peine si je quitte l’empire du bulbul et l’ouarda. J’ai encore les mains parfumées