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AU RETOUR.

fend les airs, ce sont les fleurs de ma jeunesse qui émaillent les champs sans fin, les moulins à vent de ma jeunesse qui tournent, tournent paresseusement à l’horizon.

La pousta n’est pas muette ; aujourd’hui encore elle me restitue ce que j’ai gaspillé pour elle. Mon amour, elle le paie de sa beauté. Voilà huit mois que je n’étais venu par ici ! Patrie des douces chansons, berceau de mon enfance, monde de mes rêves, c’est donc ainsi qu’il me faut vous revoir ? En courant, courant vers le midi, vers un pays sauvage et inconnu qui ne me rappellera rien, rien, qui sera muet comme les yeux de mon compagnon de route, muet comme la part de ma jeunesse que le mort a emportée dans la tombe !

Le soir, un orage passe sur la pousta.