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LE LIVRE DE LA POUSTA.

seigneur possédait trente-deux arpents. Je ne pouvais pas supporter votre bonheur. J’ai voulu en prendre ma part. C’est ce qui m’a fait fauter. Mais c’est aussi ce qui m’a rendue meilleure, ce qui m’a appris à croire en Christ. J’aimais mon seigneur, je l’ai épousé, non pour ses onze arpents, mais parce qu’il était bon, parce qu’une fois il m’avait défendue au bal contre un gars ivre qui voulait m’arracher mon foulard de soie. Je l’ai aimé… c’est ce qui m’a conduite à la prière… Personne ne savait mon secret. Je ne l’avais confié qu’à la vieille mère Bús. C’est la seule à qui j’avais dit comment j’étais tombée avant de connaître la voie du salut. C’est elle qui m’a touché le cœur, qui m’a emmenée à la réunion, qui m’a initiée au nazarénisme. Je suis devenue « passante » à l’insu de mon