Page:Sigismond de Justh Le livre de la Pousta 1892.djvu/19

Cette page n’a pas encore été corrigée
10
LE LIVRE DE LA POUSTA.

ma Jeunesse !… Oui, dans ma jeunesse !… Ces yeux faisaient revivre les projets projetés avec le défunt, j’y voyais les rêves rêvés avec lui, je revivais ces sept années si pleines et pourtant si courtes que recouvraient maintenant six pieds de terre et que le cercueil de bronze avait emportées à tout jamais…

Et… je m’aperçois soudain que, derrière ces deux yeux, il n’y a rien de tout cela… Mon Dieu ! Je n’y songeais pas. Je croyais que ce qu’exprimait l’extérieur, l’âme le redirait aussi.

Mais cet homme, que savait-il de ma vie, de mes espoirs, de mes joies, de mes souffrances ? Rien, rien du tout, et cela ne le regardait pas. Et pourtant je sentais ne pouvoir l’entretenir d’autre chose que de l’essentiel, du souvenir du pauvre ami absent.