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L’OFFRANDE DU VILLAGE.

derrière les barreaux du kármentô[1] ricanait la cabaretière, attifée d’étoffes voyantes. À une table, je vis un vieil oncle d’István et un de ses cousins, très malade lui-même, qui venait d’enterrer sa femme. Tout ce monde buvait, ivre déjà.

István de nouveau se lève, peu solide. Il tient haut son verre et chante. On eût dit un autre homme. Ce garçon ne semblait avoir rien de commun avec celui qui répondait tranquillement : « Je n’ai pas de défaut. »

Dans les yeux brillants, ensanglantés de celui-ci, on ne lisait que défi, appel du danger, soif de destruction. Les jambes fléchissantes, mais la tête haute, il chante, jure, provoquant l’homme, Dieu, et même

  1. Litt. sauve-dégâts, sorte de cage en bois derrière laquelle se tient le débitant des boissons.