Page:Sigismond de Justh Le livre de la Pousta 1892.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée
123
L’OFFRANDE DU VILLAGE.

Si je lui avais dit : « István, saute par la fenêtre, cela sera bon — à ma santé », nul doute qu’il ne l’eût fait. Cependant je n’étais pas encore parvenu à l’entendre parler à cœur ouvert. Lui adressais-je la parole, il se raidissait militairement ou bien tourmentait quelque chose du bout de ses doigts sans jamais me regarder en face. Je n’étais toujours pas édifié sur son compte.

Il ne retrouvait sa confiance que le soir quand j’écrivais ; alors il entrait doucement chez moi, posait l’une de ses grosses mains sur le dossier de mon fauteuil et me regardait noircir les feuilles de papier l’une après l’autre. Cela semblait l’ébahir, car il ne comprenait pas, sachant à peine lire et incapable de déchiffrer une écriture manuscrite, la mienne moins que toute autre.