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LE LIVRE DE LA POUSTA.

tard, je pris à mon service István Iványi, désigné par eux pour remplir cette « mission ». C’était un garçon trapu, musculeux, au visage pâle, aux sourcils épais, et dont la puissante moustache ombrait le menton carré et couvrait de petites dents pointues.

Il attachait sur moi ses yeux gris bleu d’un air sombre, résolu, comme quelqu’un que le péril attend, mais qui sait que son devoir est de le braver.

Ses mouvements étaient mesurés, empreints d’une lenteur solennelle.

Dieu sait ! Tout d’abord, je n’arrivais pas à le déchiffrer. M’était-il sympathique ou non ? Pourquoi me regardait-il avec cet air de défi ? Était-ce parce qu’il me voyait entouré d’ennemis, de périls dont il voulait me sauver, fût-ce au prix de sa vie ? Ou bien parce qu’il n’entrait pas de