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n’en est pas moins une combinaison de ces premiers éléments. Plus on considère ce sujet, plus on aperçoit l’insuffisance des trois demandes du tiers. Mais enfin, telles qu’elles sont, on les a attaquées avec force : examinons les prétextes de cette hostilité.

Première demande

Que les représentants du tiers état ne soient choisis que parmi les citoyens qui appartiennent véritablement au tiers.

Nous avons déjà expliqué que, pour appartenir véritablement au tiers, il ne fallait être taché d’aucune espèce de privilège. Les gens de robe, parvenus à la noblesse par une porte qu’ils ont arrêté, on ne sait pas pourquoi, de refermer après eux, veulent à toute force être des états généraux. Ils se sont dit : la noblesse ne veut pas de nous ; nous ne voulons pas du tiers ; s’il était possible que nous formassions un ordre particulier, cela serait admirable ; mais nous ne le pouvons pas. Comment faire ? Il ne nous reste qu’à maintenir l’ancien abus, par lequel le tiers députait des nobles ; et par là nous satisferons nos désirs, sans manquer à nos prétentions.

Tous les nouveaux nobles, quelle que soit leur origine, se sont hâtés de répéter dans le même esprit : il faut que le tiers puisse députer des gentilshommes. La vieille noblesse, qui se dit la bonne, n’a pas le même intérêt à conserver cet abus ; mais elle sait calculer. Elle a dit : nous mettrons nos enfants dans la chambre des communes, et, en tout, c’est une excellente idée que de nous charger de représenter le tiers. Une fois la volonté bien décidée, les raisons, comme l’on sait, ne manquent jamais. Il faut, a-t-on dit, conserver l’ancien usage…, excellent usage, qui, pour représenter le tiers, l’a positivement exclu, jusqu’à ce moment, de la représentation ! L’ordre du tiers a ses droits politiques, comme ses droits civils ; il doit exercer par