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tendre et émue, en complet désaccord avec ses déclarations. Ce pauvre cœur cherchait l’amour, avait besoin d’aimer, comme tout autre, mais la misère endurée dès le premier âge et l’indifférence des gens lui avaient appris à se renfermer en lui-même. C’était une âme fière, mais chaude, toujours soucieuse de ne pas se faire bousculer, et pour cela n’osant pas s’attacher à quelqu’un.

Nous restâmes seuls, sous l’influence d’un sentiment mélancolique. Peut-être était-ce le pressentiment confus que nous ne reverrions plus dans cette vie notre pauvre professeur. Ni lui ni nous, nous ne supposions que dans sa poitrine se cachaient les germes d’une maladie mortelle, pour laquelle il n’était pas de guérison possible. La misère, l’effort démesuré, le travail acharné sur des livres, les nuits sans sommeil et la faim en avaient avancé le dénouement. À l’automne, au commencement d’octobre, notre professeur mourut de la phtisie. Peu de camarades