Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vivait absorbé par la science et sans s’occuper de son sort.

Mirza et moi, nous le regardions comme un être surnaturel, un puits de sagesse, et nous pensions saintement que, si quelqu’un pouvait sauver jamais l’humanité du péril qui la menaçait, c’était sûrement ce génie qui en serait capable et il était d’ailleurs lui-même du même avis. Et nous nous attachions à ces opinions comme des oiseaux à de la glue. En ce qui me concerne, j’allais peut-être plus loin encore que notre professeur. C’était une réaction naturelle contre mon ancienne éducation, et, en outre, le jeune étudiant ouvrait devant moi les portes d’un monde inconnu, auprès duquel l’étendue de mes pensées semblait bien maigre. Ébloui par ces nouvelles vérités, je n’avais pas le loisir ni la possibilité de penser à Hania. Tout d’abord, aussitôt mon arrivée à Varsovie, je n’abandonnai pas mon idéal ; les lettres que je reçus d’elle avivèrent encore