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gence méprisante d’un vrai philosophe.

En général, il professait l’opinion que, pour la direction du monde et la gestion de l’humanité, le meilleur âge était entre dix-huit et vingt-trois ans ; passé cet âge l’homme redevenait idiot ou conservateur.

Il considérait avec pitié les gens qui n’étaient ni professeurs ni étudiants, et il avait ses modèles, qu’il citait constamment. C’est ainsi que j’appris pour la première fois l’existence de Büchner et de Moleschott, deux savants, dont les noms revenaient sans cesse sur ses lèvres. Il fallait entendre avec quel enthousiasme il parlait des progrès scientifiques des derniers temps, des grandes vérités, auprès desquelles l’humanité aveugle et superstitieuse avait longtemps passé, et que les nouveaux savants, avec une hardiesse inouïe, tiraient du « gouffre de l’oubli » et proclamaient à la face de l’univers. Tout en exposant ainsi ses idées, il secouait sa crinière épaisse et frisée