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J’avais remporté la victoire sur toute la ligne. Ma mère non seulement consentait à l’instruction complète de Hania, mais encore l’exigeait énergiquement. « Je désire, m’écrivait ma bonne mère, si ton père y consent, que Hania soit considérée en toute chose comme un membre de la famille. Nous le devons à la mémoire du vieux Nikolaï, en souvenir de ses services et de son dévouement. »

Mon triomphe était complet. Sélim le partagea avec moi. Pour tout ce qui touchait Hania, il se conduisait en effet comme s’il eût été lui aussi son tuteur.

À dire vrai, la sympathie qu’il témoignait à la pauvre orpheline commençait un peu à me contrarier, d’autant plus que, depuis la nuit où j’avais pris conscience des sentiments de mon âme, mes manières envers Hania avaient complètement changé. En sa présence, je me sentais comme annihilé. Mon ancienne franchise et ma familiarité enfantine m’avaient abandonné.