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et de l’incrédulité. Mais de même que le fer incandescent, sur lequel tombe une goutte d’eau froide, pétille et aussitôt change l’eau en vapeur, de même également bouillonne l’âme humaine. Sous l’influence première de la réalité, elle tressaille, il est vrai, de douleur, mais aussitôt brûle la réalité elle-même à sa chaleur.

Les paroles de mon père me blessèrent, et cela d’une étrange façon. Bien que je ressentisse l’offense, je ne me fâchai pas à cause de lui, mais plutôt à cause de Hania, et non moins rapidement d’ailleurs, de toute la force de résistance propre à la jeunesse, je rejetai cette offense loin de mon âme, pour toujours. Mon père ne comprit pas mon émotion et l’attribua à un sentiment exagéré de mes obligations, ce qui était en somme assez naturel à mon âge, et flattait son amour-propre, plus que ne l’excitait sa disposition hostile à l’égard de l’instruction développée de Hania.