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les dents comme une rangée de perles.

Quand, par exemple, Sélim se disputait avec un camarade, — et cela arrivait assez fréquemment, — alors cette grâce disparaissait comme un mirage trompeur ; il devenait effrayant : ses yeux se replaçaient de travers et brillaient comme ceux d’un loup ; sur son front rougissaient les veines ; la peau de la figure brunissait, — en lui se réveillait le vrai Tatar, tel que ceux avec qui eurent affaire nos ancêtres. Par bonheur, cela ne durait pas. Au bout d’une minute, Sélim pleurait, demandait pardon, embrassait son adversaire, et tout le monde lui pardonnait. Son cœur était bon et enclin aux nobles actions ; mais sa légèreté et sa turbulence atteignaient le plus haut degré.

Il montait à cheval, tirait et faisait des armes d’une façon incomparable ; mais il apprenait médiocrement, parce que sa paresse annihilait en partie ses grandes aptitudes. Nous nous aimions l’un l’autre comme des