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répétait souvent que, en sa qualité de vieux noble, il préférait un ancien mahométan à un catholique de fraîche date.

En général, il n’y avait chez le vieux Davidovicz aucune sympathie pour les Turcs ou les Tatars. Ses ancêtres s’étaient fixés là aux temps de Vitold ; et une partie de ses biens avait été donnée par Jean Sobieski à un Mirza-Davidovicz, colonel de cavalerie légère, qui avait accompli, sous les murs de Vienne, des prodiges de valeur, et dont le portrait existait depuis lors à Khojéli.

Je me souviens de l’étrange impression que ce portrait produisait sur moi. Le colonel Mirza était un homme terrible ; son visage était balafré de coups de sabre, et les cicatrices ressemblaient aux lettres mystérieuses du Koran ; il avait le teint d’un gris basané ; des touffes de cheveux saillaient aux tempes ; les yeux un peu de travers brillaient d’un éclat sauvage et rébarbatif, et jouissaient de cette particularité de sembler toujours vous