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visage de Sélim, ses narines se gonflèrent, ses yeux se bridèrent, à la façon des Tatars, et se mirent à lancer des éclairs. Pendant une minute on n’entendit que le choc sec des deux lames et notre respiration haletante. Sélim comprit vite que, si la lutte se prolongeait, il succomberait, car il n’aurait pas la force de la continuer jusqu’au bout. De grosses gouttes de sueur lui coulaient sur le front ; sa respiration devenait plus courte et plus entrecoupée. Mais la fureur et un cruel acharnement le soutenaient. Ses cheveux, mis en désordre par ses mouvements rapides, tombaient sur son front ; entre ses lèvres rouges apparaissaient ses dents blanches serrées les unes contre les autres. La nature tatare s’éveillait en lui, l’homme cruel apparaissait, maniant son sabre et flairant à l’avance l’odeur du sang. J’étais aussi furieux que lui, mais j’étais beaucoup plus robuste. Il ne para pas assez vite un coup de sabre, et le sang coula de sa main gauche ; quelques