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— Et les témoins ?

— Sans témoins. J’ai confiance en lui, et lui en moi. Pourquoi alors avoir des témoins ?

Je me jetai de nouveau à son cou, car il était temps de m’en aller, puis je m’éloignai ; mais au bout de cinq cents mètres, je me retournai : mon père était toujours sur le pont, et il me bénit d’un grand signe de croix.

Le premier rayon du soleil levant tombait sur sa noble figure et l’entourait d’un nimbe brillant. Et ce vétéran, blanchi dans les combats, avec ses bras étendus, me parut un aigle conviant de loin son aiglon à la vie glorieuse qu’il avait menée lui-même. Oh ! comme alors le cœur me battit ! Il y avait en ce moment en moi tant d’enthousiasme et de confiance, que si, au lieu d’un seul, il y eût eu dix Sélim à m’attendre à la cabane de Vakh, je me serais mesuré avec eux tous.