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Ainsi plongé dans ces réflexions j’atteignis le bord de l’étang : j’aperçus l’écluse et le pont, et… soudain, je m’arrêtai, comme pétrifié…

Sur le pont se tenait mon père, les mains derrière le dos, avec une pipe depuis longtemps éteinte ; il était appuyé au parapet et regardait silencieusement couler l’eau, où se reflétait l’aurore aux couleurs luxuriantes. Évidemment, ainsi que moi, il n’avait pu s’endormir et était sorti respirer l’air, et peut-être aussi examiner les environs.

Je ne l’avais pas tout d’abord aperçu, parce que les saules le cachaient à ma vue, et je m’étais approché à une dizaine de pas de lui. Je me dissimulai derrière les arbres, ne sachant que faire. Mais mon père ne bougeait pas et murmurait les prières du matin ; j’entendis qu’il disait :

— Sainte mère de Dieu, ô Vierge, réjouis-toi, le Seigneur est avec toi !