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laï, et je me répondis : « Non ! » À quoi avais-je le plus pensé : était-ce bien à Hania ? De nouveau je me répondis : « Non ! » Et je m’irritai contre moi.

De plus, Hania, cet être doux, sans défense, était, au milieu de nous tous, comme une colombe dans un nid d’éperviers. Je ne pouvais chasser cette pensée que Sélim et moi nous nous étions disputé cette jeune fille comme une proie, et, dans cette lutte où les ravisseurs ne cherchaient que leurs propres intérêts, c’était elle, la plus innocente, qui avait le plus souffert… Et voilà que dans deux heures allait se jouer le dernier acte de cette tragédie. C’étaient là des pensées graves, écrasantes. Il me semblait que tout notre monde de nobles se montrait trop cruel à l’égard de Hania. Ma mère, par malheur, n’avait pas été là, et nous, les hommes, nous avions broyé dans nos mains brutales cette tendre fleur que le sort avait jetée au milieu de nous. La faute