Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/260

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une pitié inaccoutumée, et mon cœur lui était tellement attaché, que je ne concevais aucun moyen de me séparer d’elle. Je priai donc le prêtre de présenter à mon père l’affaire de la façon qu’il me l’avait racontée et je pris ensuite congé de lui, car je désirais rester seul.

Après son départ, je détachai du mur le sabre antique et glorieux et les pistolets que mon père m’avait donnés, afin de m’apprêter pour la rencontre qui était prochaine. Je n’avais ni le temps ni le désir de réfléchir à ce duel ; je voulais seulement me battre à mort, et voilà tout.

Quant à Sélim, j’étais absolument certain qu’il serait là.

J’essuyai soigneusement le sabre avec de la ouate ; sur la large lame au reflet bleuté il n’y avait pas le moindre défaut, malgré ses deux cents ans d’existence, et qu’elle eût fendu bien des casques et des armures, qu’elle se fût teintée de beaucoup de sang