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le fond noir des nuages coururent des serpents de feu, le ciel s’éclaira soudain comme dans un embrasement, puis l’obscurité se fit encore plus profonde. La pluie se mit à tomber à torrents. Les arbres de la route semblaient en proie à des convulsions ; mon cheval, sous les coups de fouet et d’éperon commença à s’ébrouer et à gémir, et c’est à peine si je ne gémissais pas moi-même. Incliné sur l’encolure, je regardais seulement les traces sur la route, sans avoir conscience de rien autre. J’atteignis ainsi la forêt. L’orage éclatait dans toute sa violence ; une sorte de cyclone enveloppait le ciel et la terre. La forêt s’inclinait comme un champ de blé ; l’écho des coups de tonnerre se répercutait de pins en pins ; la rumeur des feuilles, le craquement des branches brisées, tout cela formait un vacarme infernal. Je ne pouvais plus distinguer les traces, mais je volais comme un tourbillon. La lueur d’un éclair me permit de les retrouver à la lisière