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je vais y aller seul, et toi, pas un mot, si tu tiens à ta vie !

Kaz, qui avait d’abord pris la chose gaiement, s’aperçut alors de la pâleur mortelle qui couvrait mon visage ; il s’en effraya et resta à sa place, bouche bée, tandis que je courais comme un fou dans la direction du kiosque. Rapidement et sans bruit, pareil à un serpent, je me glissai entre les buissons d’épine-vinette qui entouraient le kiosque, et j’atteignis le mur. Il était formé de légères planches entrecroisées, et je pus à loisir voir et entendre tout. Le rôle humiliant d’espion ne me semblait nullement honteux ; j’écartai avec soin quelques feuilles, et prêtai l’oreille.

— Quelqu’un vient ! dit la voix basse et saccadée de Hania.

— Non, ce sont des feuilles qui remuent, répondit Sélim.

Je les regardai de derrière le rideau de feuillage ; Sélim était maintenant assis à côté