Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.

j’étais simplement amoureux et profondément malheureux. Il n’y avait place en moi pour aucune théorie sociale, et si je défendais ces idées, c’était par exaspération, par méchanceté envers l’humanité ; pour le même motif, j’entamais avec le prêtre Ludvig des discussions religieuses, qui se terminaient ordinairement par un violent claquement de portes. En un mot, j’empoisonnais non seulement mon existence, mais encore celle de tous ceux qui vivaient avec moi, et quand Sélim revint enfin après une absence de dix jours, chacun crut sentir qu’on lui enlevait une pierre de dessus la poitrine. À son retour, je n’étais pas là ; j’errais à cheval dans les environs. Le soir approchait au moment où je rentrai ; le palefrenier, en prenant ma bride, me dit :

— Le jeune seigneur de Khojéli est arrivé.

Au même moment, Kaz accourut pour m’annoncer la même nouvelle.