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moi, n’étaient avares ni mon père, ni le prêtre Ludvig, ni même madame d’Ives, me tourmentaient et m’impatientaient de plus en plus. Mes rapports avec tout le monde finirent par devenir insupportables ; je me fâchais pour un rien. Le prêtre Ludvig y voyait les premiers signes précurseurs d’un caractère despotique et, regardant mon père, il disait en riant :

— Il est aussi d’une race de coqs.

Mais lui-même par instants perdait patience.

Entre mon père et moi, nous en venions parfois à nous disputer. Un soir, après le dîner, au cours d’une discussion sur la noblesse et la démocratie, j’étais monté à un tel point, que je déclarai regretter d’être né noble ; mon père m’ordonna de sortir de la chambre, les dames pleurèrent, et pendant un jour entier, les rapports des personnes de la maison furent très tendus. À la vérité, je n’étais alors ni aristocrate ni démocrate,