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Sélim lui baisa la main et l’incident fut clos.

Et je pensais parfois en moi-même :

« Quelle différence pourtant entre Sélim et moi ! Si je possédais l’amour de Hania, je ne ferai que rêver et contempler le ciel ; je n’oserai pas plaisanter, tandis que Sélim rit, dit des folies et paraît joyeux, comme s’il ne s’était rien passé. »

Au moment du départ, il me dit :

— Sais-tu ce que tu devrais faire ? Venir avec moi !

— Je ne le veux pas. Je n’en ai pas la moindre intention.

Le ton froid de ma réponse frappa Sélim.

— Comme tu es devenu étrange ! me dit-il. Je ne te reconnais plus depuis quelque temps, mais…

— Achève.

— On pardonne tout aux amoureux.

— Sauf lorsqu’ils se placent en travers de votre route, répondis-je d’un air qui rap-