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Seules les libellules bleu foncé voletaient à l’avant de mon canot et sur les feuilles rondes et clypéiformes des nénuphars ; de petits oiseaux de couleur grise s’agitaient dans les tiges des roseaux et pépiaient doucement. Parfois on entendait le bourdonnement d’une abeille ; des sarcelles avec leur progéniture nageaient à la surface de l’eau ; des familles d’oiseaux m’initiaient à tous les secrets de leur vie, mais je n’y prêtais aucune attention, car mon engourdissement n’était pas encore passé.

La journée était brûlante, je sentais un mal de tête insupportable ; la soif me tourmentait, et, m’inclinant vers l’eau, j’en puisai quelques gouttes dans ma main. Cela me ranima ; je saisis la rame et je me dirigeai vers le bord, le long des roseaux. Il était déjà tard, et on devait probablement m’attendre depuis longtemps.

Je tâchai en route de me tranquilliser. Si Sélim et Hania s’étaient expliqués entre eux,