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tu peux dormir en paix dans ta tombe.

En effet, j’étais tranquille sur l’avenir de Hania. La pensée qu’elle allait grandir et que je devrais la marier ne me vint pas à l’idée ; je me figurai qu’elle resterait toujours auprès de moi, entourée de soins, comme une sœur aimée, comme une sœur triste mais paisible.

Selon l’usage établi depuis longtemps dans notre famille, l’aîné recevait en héritage cinq fois plus que tous les autres membres ; les fils cadets et les filles respectaient cette coutume et ne s’élevaient jamais contre, bien qu’il n’y eût pas de majorat. En qualité de fils aîné, la plus grande partie de la fortune devait donc me revenir ; et bien qu’encore collégien, je la regardais déjà comme ma propriété. Mon père était un des plus notables habitants des environs. À la vérité, notre famille ne se distinguait pas par une fortune digne de magnats, mais nous étions suffisamment riches pour mener