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Hania se tut et fit quelques accords ; on voyait qu’elle jouait machinalement, et que sa pensée était ailleurs ; au bout d’une minute, elle leva de nouveau les yeux sur moi :

— Seigneur Henri !

— Qu’y a-t-il, Hania ?

— Je voulais vous demander quelque chose… Ah ! oui ! Est-elle très jolie cette Josia, qui vit à Varsovie ?

Cette fois, c’en était trop ! La colère, mêlée au chagrin, me serra le cœur. Je me levai et me dirigeai vivement vers le piano ; mes lèvres tremblaient lorsque je lui répondis :

— Pas plus que toi, sois tranquille. Tu peux hardiment essayer la force de tes charmes sur Sélim !…

Hania se leva brusquement du tabouret, une rougeur vive se répandit sur ses joues.

— Seigneur Henri ! que dites-vous ?

— Ce que tu comprends très bien.

Puis je pris mon chapeau, saluai Hania et sortis de la chambre.