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couverts de rosée semblaient d’immenses lacs ; de temps en temps craquetait un râle de genêt, ou criait un butor dans les roseaux. Je levai les yeux vers la voûte étoilée ; j’avais envie de prier et de pleurer.

Soudain le galop d’un cheval retentit derrière moi. Je me retournai : — c’était Sélim. Il courut après moi, m’atteignit, et se mettant en travers de la route dit d’une voix émue :

— Henri, je suis revenu, parce qu’il y a quelque chose entre nous. J’ai pensé d’abord : « Il est fâché, eh bien, qu’il se fâche s’il le veut ! » Mais ensuite j’ai eu pitié de toi. Je n’ai pu y résister. Dis-moi, qu’as-tu ? Peut-être ai-je causé plus qu’il ne convenait avec Hania ? Peut-être l’aimes-tu ? Henri ?

Les larmes me serrèrent la gorge, et je ne pus répondre. Si j’avais cédé à mon premier mouvement, je serais tombé sur la poitrine loyale de Sélim, et, en pleurant, je lui aurais tout confié… Mais j’ai déjà dit combien de