Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jours ainsi ensemble ; mais à présent bonne nuit !

Elle lui tendit la main et revint avec les autres, à la maison, tandis que Sélim et moi poursuivions notre route. Nous allions silencieux dans un endroit à découvert ; la lune brillait de tout son éclat et permettait de distinguer les pointes des buissons de genévriers, qui garnissaient la route. Tout était calme ; seul de temps en temps un cheval s’ébrouait, ou nos étriers s’entrechoquaient. Je regardai Sélim, — il était plongé dans une profonde rêverie. Un irrésistible désir de parler de Hania me torturait : j’avais besoin de m’entretenir d’elle, de confier à quelqu’un les impressions de toute la journée, d’analyser chacune de ses paroles ; mais ce n’était pas le moment — je ne pouvais me mettre à parler d’elle avec Sélim.

Ce fut lui qui commença le premier ; il se pencha vers moi tout d’un coup, et sans aucune raison, m’embrassa en s’écriant :