Dix heures sonnèrent. Sélim se leva, — il avait ordre de rentrer chez lui à la nuit. Nous résolûmes de l’accompagner tous jusqu’à la croix située au bout de l’allée de tilleuls ; quant à moi, je montai à cheval pour l’accompagner jusqu’en pleine campagne.
Kaz resta seul à la maison, car il était tout à fait endormi. Hania, Sélim et moi marchâmes en avant, nous deux à cheval de chaque côté et Hania entre nous. Les autres nous suivaient. Il faisait sombre dans l’allée ; la lune avait peine à transpercer le feuillage et par-ci par-là, semait la route noire de taches argentées.
— Chantons quelque chose, proposa Sélim, quelque vieille et jolie chanson, par exemple, tenez, celle sur Philone.
— On ne la chante plus à présent nulle part, dit Hania ; j’en connais une autre : « Automne, automne, où se flétrissent les feuilles… »
Nous convînmes de chanter d’abord la