Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.

paternel et savais qu’il en voulait à quiconque me surpassait en n’importe quoi ; il détestait Sélim d’ailleurs depuis longtemps déjà. Je pensais donc qu’il ne s’opposerait pas à ma tentative d’imiter Sélim.

— C’est en effet un cheval qui saute merveilleusement, n’est-ce pas, papa ? lui dis-je.

— Oui, et ce démon tient bien dessus ! murmura-t-il ; saurais-tu en faire autant ?

— Hania en doute, répondis-je avec une certaine amertume. Puis-je essayer ?

Mon père hésita une minute, regarda le mur, le cheval, puis moi, et dit enfin :

— Laisse cela…

— Cela va de soi, m’écriai-je ; il vaut mieux que je passe pour une femme à côté de Sélim.

— Henri ! tu dis des bêtises ! dit Sélim, en me prenant par la main.

— Saute donc, mon garçon, saute ! s’écria mon père, touché à son endroit sensible, et fais attention, saute bien !